jeudi 1 février 2018

Soirée pyjama au conseil municipal

Un conseil municipal de rentrée inhabituel réuni dès le 18 janvier pour voter des décisions techniques nécessaires aux rénovations programmées en 2018 sur les équipements de la commune. Toutes les délibérations furent adoptées rapidement à l'unanimité des présents. Les prochains conseils municipaux relatifs au budget seront retardés aux 22 mars et 12 avril 2018. 
A 21 heures, l'ordre du jour étant épuisé, le maire proposa avec un œil brillant et une lippe gourmande, de nous récompenser par une séance de projection des diapositives des travaux de restauration du clocher de Saint-Pierre.

Les chaises avaient déjà été disposées face au mur-écran... Le Maire et ses adjoints vinrent se placer au premier rang de l'assistance pour mieux profiter des images; le premier édile envoya son conseiller délégué faire la pénombre et le spectacle débuta...

Durant une heure et demie, Hubert BELLET(*) présenta les 300 photos qu'il avait réalisées sur le chantier, jour après jour depuis le mois d'octobre... On put suivre par le menu le travail des différents corps de métier intervenus sur le chantier: couvreurs, maçons, charpentiers... et il faut reconnaître que la présentation très didactique était passionnante, d'autant qu'à l'évidence chacun des artisans semblait ravi de travailler sur ce chantier.

C'est donc un clocher tout neuf qui va bientôt être livré à Monsieur le Maire: une croix neuve, un coq neuf, une des 3 cloches fêlée qui a été réparée dans la foulée, des abat-sons neufs, un chevalet neuf installé dans une maçonnerie rénovée où des tirants entrecroisés ont été installés pour retarder le plus possible la fragilisation de l'ensemble du fait des vibrations qu'engendreront les 3 cloches de près de 1,5 tonnes qui vont prochainement carillonner de nouveau à toute volée, jusqu'à l'installation d'un filet de protection anti-pigeon à petite maille "dernier cri". Il faut dire qu'au cours du démontage du beffroi trois tinterelles ont été découvertes, enfouies sous la fiente des volatiles ! Elles ont aussi fait l'objet d'une restauration et seront réinstallées à l'extérieur du clocher...



Au fur et à mesure du déroulement de la séance diapo, le commentaire prit la forme d'un dialogue enthousiaste entre un adjoint artisan passionné et un maire émerveillé. A l'évidence, ces deux là se sont fait plaisir à suivre ce chantier, l'un ajoutant une information technique, l'autre distillant une anecdote... Et il faut reconnaître que la soirée fut à la fois instructive et détendue, enjouée voire exaltée de la part de nos animateurs.

Pourtant, la lumière une fois rallumée, il faut redescendre sur terre (c'est le cas de le dire) et se poser les questions qui viennent immanquablement à l'esprit :

Certes, le chantier a été un champ d'application formidable pour les différents corps de métier qui y sont intervenus. Mais cette restauration de luxe sur un bâtiment sans doute pittoresque - mais sans valeur historique reconnue - sera payée au prix fort par l'ensemble des habitants.

Certes, on a rafraîchi la silhouette du clocher, la "skyline" à laquelle les riverains sont habitués, mais à un coût astronomique pour lequel la majorité actuelle n'a même pas voulu réfléchir à une évolution de la fonction de l'édifice. Saint-Pierre restera l'église-bis, qui doublonnera toujours l'église paroissiale située à 500 mètres pour l'été et qui sera toujours fermée au public le reste de l'année. Ce faisant, on empêche l'accès aux témoignages historiques enfermés dans la chapelle qui eux ont un intérêt patrimonial reconnu: la statuaire et surtout le retable du XVIème siècle, classé à l'Inventaire des Monuments Historiques...
Le coq en attente dans le bureau du Maire...

Il est symptomatique de constater que, de tous les chantiers entrepris pour restaurer des lieux de culte cette année aux alentours de notre village à Montmain, au Mesnil-Esnard, à Saint-Aubin-Epinay..., c'est de très loin à Saint-Pierre que le coût pour la commune est le plus élevé, ce pour une chapelle, même pas pour l'église paroissiale.

Plus dérangeant, alors que dans les communes citées, la population a été préalablement informée, interrogée sur l'opportunité et le périmètre des travaux puis associée à la décision et enfin invitée à contribuer par l'ouverture d'une souscription, à FRANQUEVILLE-SAINT-PIERRE ce projet est celui d'un homme seul, le maire, qui le fit passer avant toutes les autres priorités de la Commune, droit dans ses bottes (et sa chasuble) entêté sur le maintien d'une utilisation cultuelle exclusive au bénéfice de quelques pratiquants, refusant de saisir l'opportunité de faire évoluer la fonction du bâtiment au bénéfice de tous.


(*) Hubert BELLET, adjoint en charge du patrimoine, est un défenseur passionné de l'artisanat; sa société de menuiserie (aménagement de magasins) est installée à Franqueville. Il n'a pas eu de difficulté pour accéder quotidiennement, tel un mousse escaladant la mâture, au chantier et aux échafaudages. En effet, c'est son frère Olivier BELLET, artisan dont la société de charpente-ossature bois est installée à Saint-Jacques-sur-Darnétal qui a obtenu le lot n°3 charpente du chantier de restructuration du clocher de Saint-Pierre. Le reportage photographique qu'il en a réalisé est remarquable.

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